Couverture muette est un projet développé à l’occasion de l’exposition Voice of the Border autour du livre 2666 de Roberto Bolano, sur une proposition de la commissaire Fatma Cheffi.
Il est question de la représentation de la mort dans l'oeuvre d'art. Le contenant: une vitrine d'entomologie -partie intégrante du matériel utilisé dans la taxidermie- dans lequel je dispose des couvertures de livres anciens, des porteurs vides de textes, de sens. Le livre -son image- devient objet culte en étant décharné, il est méconnaissable, dépourvu de fonction, comme l’était le livre suspendu à la corde à linge chez Bolano. Il est transposé du champ du lisible au champ du visible, perd sa fonction en perdant sa matière. Un collage de contenants, de porteurs, vidés de leur fonctions et de leur sens qui crée une forme de tautologie: la mort la mort.
Cette taxidermie de livre fait image de cette volonté de conservation, de l'attachement à l'objet, et nous renvoie à l'idée de collection, cette volonté d'appropriation, de faire sien quelque chose en l'acquérant.
Et c’est dans une économie de moyen et de geste, et dans la retenue que Couverture muette fait étalage de ces questions, du rapport à la mort, à l'objet, la collection, les vanités, le ready-made, cette taxidermie de livre est une réflexion sur le rapport au passé et sur notre attachement à son image: faire image de la mort et du passé. le ready-made étant aussi le fait ou geste de retirer sa fonction à l'objet, ici, ce geste est ici décuplé: l'inutile, et la mort, par deux fois.